Le 5 janvier débute la 42e édition du Dakar. Le rallye s’élancera en Arabie saoudite… Un événement idéal pour le royaume, qui peut continuer sa répression dans le silence le plus total.
Droits des femmes, des homosexuels et des militants des droits humains… Pendant tout le mois de janvier prochain, il ne sera plus question de la répression exercée par l’Arabie saoudite depuis des décennies mais de sport. L’assassinat de Jamal Khashoggi en octobre 2018, la tutelle masculine ou encore la pénalisation de l’homosexualité et du féminisme seront balayés pour laisser place à des paysages désertiques à perte du vue. Malgré la situation catastrophique des droits humains dans le royaume, l’Arabie saoudite a obtenu d’ASO l’organisation du Dakar 2019. Le rallye se déroulera dans le sud du pays, dans le désert du Quart vide. Mais quid des questions liées à la répression ?
Le 5 janvier, les caméras de France Télévisions seront braquées sur les équipages et feront la part belle à l’Arabie saoudite. Pour quelques millions de pétrodollars, le royaume wahhabite va pouvoir se racheter une image. Alors que le prince héritier a longtemps promis une ouverture, celle-ci n’arrive pas et les droits humains sont toujours bafoués dans ce pays du Golfe. Pour preuve, neuf personnes ont été arrêtées il y a deux jours : des journalistes et des écrivains qui dérangeaient le régime en place. Si les journaux télévisés ont jusque là traité avec une certaine impartialité de l’Arabie saoudite, France Télévisions risque bien, dès le 5 janvier prochain, de ne plus avoir la même liberté.
La Fédération internationale des droits humains (FIDH) rappelle que cet événement sportif intervient en pleine guerre au Yémen, menée par une coalition saoudienne, mais « également après des révélations sur les mauvais traitements et actes de tortures infligés en prison (coups de fouets, chocs électriques, harcèlement sexuel) à des défenseures des droits humains emprisonnées, dont Loujain Al-Hathloul. Actuellement détenue et jugée avec neuf autres féministes, Loujain risque 20 ans de prison ». Nul doute que les ONG sauront, pendant cette période, donner de la voix pour dénoncer la répression saoudienne. Mais le Dakar, diffusé sur France Télévisions, risque bien d’étouffer la contestation. Une belle opération de communication de la part de Riyad.